Entre deux fronts
Dans le sud-est du Bangladesh, la minorité ethniquedes Bawm vit dans des villages simples au milieu de la jungle. De nombreux Bawm sont chrétiens. Mais les rebelles du Kuki-Chin National Front (KNF) se cachent également dans les forêts des Chittagong Hill Tracts. L‘armée et le gouvernement soupçonnent qu‘ils forment des terroristes islamistes dans les fourrés de la jungle. L‘armée bangladaise combat les insurgés. Les Bawm sont de plus en plus pris entre deux feux, car le gouvernement accuse les villageois de cacher et de soutenir les rebelles.
L‘armée a désormais bouclé l‘ensemble de l‘espace vital des Bawm. Les habitants n‘ont plus le droit de quitter leurs villages et de cultiver leurs champs. L‘achat et la vente de marchandises et de denrées alimentaires sont interdits. De nombreux Bawm vivent de petits services de livraison et de taxi qu‘ils effectuent à moto de village en village, mais cela aussi est désormais interdit. Les gens manquent de nourriture. Les enfants sont frustrés parce qu‘ils ne peuvent plus aller à l‘école.
Exode massif et arrestations Des centaines de familles ont déjà quitté leurs villages pour l‘Inde et le Myanmar. Mais ce ne sont que les femmes et les enfants qui s‘enfuient. Les hommes se cachent dans la jungle. Notre partenaire indigène sur place et coordinateur de notre travail au Bangladesh rapporte : « Les combats entre l‘armée et les rebelles sont un prétexte bienvenu pour persécuter les chrétiens bawm. Dans tout le pays, il est en effet connu que les Bawm transmettent très activement leur foi et la Parole de Dieu. » Depuis 2015 déjà, il leur serait interdit de distribuer des Bibles, des tracts et de la littérature chrétienne à leurs voisins musulmans, hindous et animistes.
Il décrit comment les villageois sont exposés à l‘arbitraire : « Récemment, les passeports de certains pasteurs ont été confisqués afin qu‘ils ne puissent pas s‘enfuir. De jeunes hommes bawm sont arrêtés arbitrairement parce qu‘ils font soi-disant partie des rebelles. Les personnes arrêtées doivent effectuer des travaux forcés dans l‘enceinte militaire, sous un soleil de plomb, sans manger ni boire. » Dans la jungle, ACP soutient de petites écoles, mais certaines sont désormais fermées car les réunions sont interdites. Les chrétiens impuissants prient pour que Dieu intervienne dans cette situation tendue.
Préparés à servir le pays Près de la ville de Bandarban, juste en dehors de la zone interdite, ACP soutient une école biblique. La plupart des quelque 20 étudiants du Harvest Center sont originaires des villages des Chittagong Hill Tracts, leurs familles sont gravement touchées par les hostilités du gouvernement.
ACP paie les salaires des enseignants de l‘école biblique et a cofinancé la construction d‘un deuxième étage : la grande pièce sous le toit est utilisée comme salle de classe et pour les cultes. Deux dortoirs simples au rez-de-chaussée de la maison servent de logement. Les étudiants gèrent une petite ferme au Harvest Center et contribuent à l‘autosuffisance en cultivant des légumes. Et si les étudiants ne peuvent pas payer les petits frais de scolarité en espèces, la direction de l‘école accepte exceptionnellement une poule.
La bibliothèque est certes accessible, mais il n‘y a pas encore de livres : la littérature chrétienne est rare au Bangladesh. La Bible n‘existe que dans une traduction vieillissante.
Les jeunes gens reçoivent à l‘école biblique un fondement solide de la foi. Ils apprennent à transmettre la Bonne Nouvelle et à s‘engager dans les villages et les villes également sur le plan social et entrepreneurial. L‘école biblique s‘est fixé pour objectif de former une cinquantaine d‘évangélistes en l‘espace de cinq ans. Les chrétiens de Bawm accomplissent ainsi un service impressionnant entre les deux fronts. Soutenons-les dans la prière.
